La mort de Twitter semble de plus en plus probable.
Des départements entiers de l’entreprise ont été décimés. D’un jour à l’autre la plateforme pourrait cesser de fonctionner faute de personnel pour la maintenir en état de marche. Et puis, à la suite du référendum Vox Populi, Vox Dei conduit par la firme Musk Bros inc. (il s’agit de satire, faut-il le spécifier partout désormais, ou seulement sur Twitter?) l’ex-président américain Donald Trump est autorisé à revenir enflammer la plateforme.
Pour plusieurs, cette dernière nouvelle aura été la goutte qui fait déborder le vase. Hier soir, plusieurs utilisateurs annonçaient leur départ de Twitter.
Mais vers où migrer?
Mastodon semble être le lieu de prédilection. Le concept est intéressant, mais quiconque y a passé un peu de temps sait que l’expérience utilisateur est loin d’être optimale. De nouvelles plateformes commencent à émerger. Noam Bardin, l’ancien PDG de Waze, par exemple a lancé post.news, une plateforme alternative qui souhaite remplacer twitter. Or, il y a une liste d’attente et l’accès est encore réservé à une poignée de privilégiés.
Ces inconvénients indiquent peut-être que l’on approche de la fin d’une époque. La mort de Twitter constitue peut-être une opportunité de nous renouveler.
J’aurai toujours beaucoup d’affection pour Twitter. J’y ai découvert une foule de nouvelles idées, j’y ai fait des rencontres qui ont rendu ma vie significativement meilleure. Mais toute bonne chose a une fin.
Peut-être devrait-on envisager de nouvelles options.
Avant Twitter, il y avait les blogs.
On raconte qu’à l’époque, les gens prenaient part au débat public, qu’ils prenaient le temps d’écrire régulièrement leurs idées dans une forme à la fois courte et digeste, mais également rigoureuse et étoffée.
Le professeur Taylor Owen du Center for Media, Technology and Democracy de l’Université McGill décrit ainsi cette époque :
Bloggers […] were debating ideas in public and thinking through ideas in public. I think that’s gone away. […] Twitter has killed it. […]
Si Twitter meurt, assistera-t-on à la résurrection des blogs : Twitter est mort. Vive OpenUM ? Est-ce cela, le cycle de la vie? Difficile de savoir ce dont l’avenir devrait être fait… Mais, avant qu’il ne soit trop tard, il faudrait commencer réfléchir à ce que l’on veut faire pour la suite du monde*.
Récemment, la mode est aux infolettres — celle Charlie Warzel dans The Atlantic est particulièrement intéressante. Benjamin Wittes explore également ce médium d’une manière qui pourrait nous inspirer. Peut-être est-ce là où l’avenir nous mènera.
C’est pourquoi je lance aujourd’hui cette bouteille à la mer.
De quoi s’agit-il?
La cité représente le débat public. La tour – que l’on dit parfois d’ivoire - représente les conversations académiques. Twitter servait jadis de point de rencontre entre ces deux mondes. Si la plateforme disparait, il faudra trouver un nouvelle place publique numérique.
Peut-être faudra-t-il la créer nous-mêmes. Cette page vise à sonder l’intérêt, à lancer la réflexion. Il s’agit d’un appel au brainstorm…Si vous êtes interpellés par l’idée d’un espace de rencontre où avoir des conversations intellectuellement stimulantes, sans trop se prendre au sérieux, abonnez-vous. (Cela ne créera pas un déluge de courriels dans vos boites mails, promis!)
Un clic qui n’implique rien — on verra où cela va nous mener!
D’ici là, quelques exemples de contenu grapillé sur Twitter cette semaine qui pourrait être agrégé dans un éventuel espace Entre la Cité et la Tour.
Textes courts
Les récents travaux de Sasha Luccioni au sujet des impacts environnementaux de l’Intelligence artificielle font l’objet d’un article dans le MIT Technology Review.
Cécile Petigand parle du concept d’altruisme des données dans la plus récente édition de son infolettre DataLama.
Céline Castets-Renard, Jennifer Quaid et Benoit Pelletier se prononcent en faveur du projet de loi C-11 dans le Devoir. Il s’agit selon eux d’un projet de loi nécessaire, même s’il est “éminément perfectible”.
Karine Gentelet souligne que les chercheurs en sciences humaines et sociales devraient prendre de plus en plus de place dans l’écosystème IA de Montréal dans un article publié par le Figaro.
Dans un billet de blog publié par le Canadian Science Policy Center, Teresa Scassa nous invite à réfléchir sur le rôle que le droit, l’éthique et les autres formes de normativité auront à jouer sur le développement responsable de l’intelligence artificielle.
En cette journée internationale du droit des enfants, Marie-Pier Jolicoeur propose une réflexion sur la manière de parler de droit avec les enfants sur le site du Laboratoire de recherche interdisciplinaire sur les droits de l’enfant.
Balados
Marie Zumstein discute de droit à la vie privée et de protection des renseignements personnels avec Pierre-Luc Déziel dans le cadre d’un nouvel épisode du Balado JusticIA.
Jean-François Sénéchal convie ses collaborateurs à une discussion à bâtons rompus au sujet des enjeux sociaux et juridiques de l’art algorithmique. Cet épisode d’IA Café fait suite à l’entrevue que Sénéchal a mené avec Valentine Goddard sur le même sujet.
Tom Lebrun répond à mes questions sur les enjeux de droits d’auteurs associés aux logiciels de création d’art algorithmique comme Dall-e.
Autres éléments d’intérêt
Florian Martin Bariteau publie un rapport sur les impacts potentiels de la Blockchain sur les droit fondamentaux, la démocratie et état de droit.
Sandrine Prom Tep traite de commerce électronique dans une capsule publiée sur le site de Télé-Québec.
La Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes, le Colloque international sur les données numériques en santé de l’OBVIA, ainsi que des rencontres scientifiques de diverses natures tenues par l’Institut Intelligence et données, le Laboratoire de cyberjustice et le CRDP se sont également tenus cette semaine.
*La référence au film de Pierre Perrault et Michel Breault n’est pas fortuite. Il s’agit de l’un des premiers films qui a donné l’opportunité aux francophones de se voir à l’écran — une chose qui était rare à l’époque.
Près de soixante ans plus tard, ce n’est plus aussi rare… Mais les Québécois et les francophones du Canada mériteraient de se doter de tribunes où ils peuvent se voir, s’entendre et se lire un peu plus, tout de même.